Histoire de la politique de la ville et de sa gouvernance en Seine Saint Denis.Agenda
La politique de la ville, au sens de rattrapage des inégalités socio-territoriales, prend tout son sens dans un département qui a subi de plein fouet les effets de la désindustrialisation et dont le taux de pauvreté est de 28,4%. C’est ce que semble bien montrer le nombre sans cesse croissant de quartiers prioritaires concernés à chaque étape de la politique de la ville (...)

Pourquoi organiser une journée sur l’histoire de la politique de la ville en Seine-Saint-Denis? Deux raisons au moins motivent ce choix et constitueront le fil rouge de cette journée.
Tout d’abord, ce territoire occupe une place particulière au sein de la région d’Île-de-France. L’histoire de la Seine-Saint-Denis est marquée par son identité ouvrière et ses quartiers populaires qui ont accueilli une diversité de populations venues de Bretagne, d’Auvergne, d’Europe du Sud et des anciennes colonies françaises. Cet espace francilien a été le lieu d’importantes transformations économiques et urbaines, de la construction du logement social remplaçant les bidonvilles et une partie de l’habitat précaire, au projet du grand stade.
Mais ces transformations, comme les dynamiques de développement économique de cet
espace francilien, ne semblent pas avoir vraiment changé les conditions de vie des
habitant.e.s les plus pauvres. La politique de la ville, au sens de rattrapage des inégalités socio-territoriales, prend donc tout son sens dans ce département qui a subi de plein fouet les effets de la désindustrialisation et dont le taux de pauvreté est de 28,4%. C’est ce que semble bien montrer le nombre sans cesse croissant de quartiers prioritaires concernés à chaque étape de la politique de la ville.
Pour autant, elle n’a pas réduit des écarts sociaux qui se jouent moins entre des quartiers prioritaires et leur ville d’appartenance, qu’entre tout ou partie de ce département et le reste de l’Île-de-France. Ce département reste toujours en 2020, le plus sous-doté en matière de santé, d’éducation, de justice et de sécurité. C’est bien à la reconnaissance d’une discrimination territoriale négative qu’ont appelé à plusieurs reprises des maires de ce département, reflétant une histoire politique marquée par sa forte identité ouvrière et la place du logement social. L’histoire de la politique de la ville est étroitement liée à ce contexte social, urbain, économique et politique, et à son évolution.
Même si elle n’a pas réduit des inégalités régionales structurelles, la politique de la ville n’en a pas moins été innovante et expérimentale, même dans son institutionnalisation, et malgré un refus par les maires de cette nouvelle politique dite de discrimination positive, du moins
dans les premiers temps : territorialisation de l’action municipale dans certaines communes, mise en réseau des acteurs via le premier centre de ressources, idée d’un contrat de ville départemental qui ne s’est pas concrétisée mais rendait bien compte de la situation particulière de ce département… La Seine-Saint-Denis pourrait ainsi être considérée comme un laboratoire socio-institutionnel de la politique de la ville… du moins l’a-t-elle été à une certaine période. Si la décentralisation a constitué un moment important dans cette histoire, elle n’a pas été l’étape la plus importante dans la construction d’un réseau d’acteurs politiques, institutionnels, associatifs et citoyens qui ont porté et structuré cette action publique.
Après une introduction posant le cadre et les spécificités de ce territoire et de son évolution, l’histoire de cette politique de la ville sera restituée de manière chronologique autour de trois temps, qui reviendront sur les moments et acteurs-clés en croisant les regards et témoignages de chercheurs d’élus, de techniciens et d’associations qui l’ont suivie, fabriquée, tout en interrogeant aussi la place des habitants.
Programme (non définitif)
9h30 :
Accueil : Pierre-Paul Zalio, Président du Campus Condorcet; Stéphane Troussel, Président du département de Seine Saint Denis, Michel Didier, Président du Comité d'histoire de la politique de la ville.
9h45 :
Introduction : l’histoire de la politique de la ville dans un territoire socio-économique et politique part culier de la Région d’Île-de-France, Emmanuel Bellanger (directeur de recherche au CNRS), Christine Lelévrier (professeure à l’Université Paris-Est-Créteil-Lab’Urba)
10h00 11h30 :
1971-1992 : les débuts d’une politique nationale déclinée localement ?
Table ronde : Simon Ronai (géographe-urbaniste à Orgéco), Nicole Smadja (responsable Mission-ville Préfecture de la région de 1989 à 2006), Benoît Pouvreau (historien patrimoine, conseil départemental, Sylvie Harburger (responsable CNDSQ de 1982 à 1989), Marion Peyre (ex-chef de projet DSQ, Stains, sous réserve)
Animation, discussion : Marie-Christine Jaillet (directrice-chercheuse CNRS, LISST)
11h30-11h40 : pause
11h40-13h10:
1993-2000 ; une structuration institutionnelle et associative locale
Table ronde : Jean-Pierre Duport (préfet de Seine-Saint-Denis de 1993 à 1997, puis d’Île-de-France de 1998 à 2002), Patrick Braouezec (maire de Saint-Denis de 1991 à 2024 et président de Plaine commune), Bénédicte Madelin (directrice-fondatrice de Profession Banlieue de 1993 à 2014), Isabelle Rougier (responsable de la mission ville du conseil régional de 1999 à 2004), Christian Romeu (commandant divisionnaire de police honoraire)
Animation, discussion : Philippe Estèbe (géographe Acadie)
Pause déjeuner
14h10 :
Film « 93 l’âme des murs », réalisé par Seydou Fofana et Demba Doukouré, suivi
d’un échange avec les auteurs
14h40-16h10 :
2003-2014 : le sens de la politique de la ville dans le renouvellement urbain ?
Table ronde : Antoine Soulier-Thomazeau (Directeur de l'Aménagement et des Déplacements, Est Ensemble, co-président de Profession Banlieue), Gilles Poux (maire de La Courneuve), Marc Ratsimba (directeur du développement local à Clichy-sous-Bois); Anne-Claire Mialot, préfet délégué à l’égalité des chances de Seine-Saint-Denis (sous réserve)
Animation, discussion : Brigitte Guigou (Institut Paris Région)
16h10 :
Grand témoin et conclusion, Marie-Hélène Bacqué (professeure émérite Université de Nanterre et chercheuse LAVUE)